Il est 8h51, lundi 30 octobre 2023... Je suis assise dans ma cuisine avec ma tasse de thé et je commence la journée en larmes. Bienvenue dans le syndrome du nid vide, le voyage émotionnel d'une mère. Aujourd'hui, je vais vivre un voyage dans un cocktail d'émotions contradictoires. La joie de savoir qu'il sait rebondir et la fierté de la voir avancer... et la tristesse de le perdre au quotidien, l'angoisse du changement de cette vie à 5... Aujourd'hui (et depuis quelques jours déjà), je vis ce qu'on appelle le syndrome du nid vide.
Pour être plus claire, mardi dernier ma fille a eu sa première voiture, mon dernier a eu son bsr et son scooter, et aujourd'hui, mon grand récupère les clefs de son appartement et quitte (pour la 2e seconde fois) la maison... Et je sais bien que cette fois-ci, il ne reviendra plus jamais vivre avec nous !
Il est déjà parti de la maison pour prendre un appartement avec sa copine de l'époque il y a 2 ans... Et ça s'était fait dans la dispute et la colère... Nous avions besoin l'un comme l'autre de marquer une déchirure forte pour vivre cette étape... Depuis, il s'est séparé (meilleure idée de sa vie) et a continué à vivre seul... Sauf que pour des raisons imprévisibles et de force majeur, il est revenu vivre à la maison depuis quelques mois...
Je savais que cette situation était provisoire... Il me répète depuis qu'il est rentré à la maison qu'il a 22 ans et qu'il veut retrouver un appartement... Et moi je l'avoue, j'espérais que cela prendrais beaucoup beaucoup plus de temps !!! Et je l'assume pleinement, il le sait... et maintenant toi aussi tu le sais !
Ouais c'est normal, c'est la suite logique de la vie... C'est leur vie d'adulte, c'est la preuve qu'on les a bien élevé à être indépendant, autonome, voire même responsable !
Ben là, ça me fait chier ... Ouais je te le dis comme ça, cash, direct !
Moi j'ai envie de garder mes 3 enfants avec moi, de pouvoir les voir quotidiennement, que l'on mange tous les 5 ensemble le soir et qu'ils partagent leur journée, de les entendre rigoler, se faire des blagues, partager leur "secret" quand ils se rassemblent dans la chambre de l'un ou de l'autre. J'aime me coucher le soir et les savoir tous les 3 en sécurité dans leur lit ou me lever le matin et voir qu'il y a les clefs de la voiture et leurs chaussures qui sont bien là (je parle pour les deux grands évidement, Joan lui est dans son lit quoi qu'il arrive lol).
J'aime quand ils ont encore parfois, un peu besoin de moi pour un conseil, un avis, ou un service... J'aime qu'on s'organise dans cette vie à 5... Oui parfois il y a des petits accrochages mais franchement, le kiffe d'avoir mes enfants sous le même toit, ça en vaut la peine !
Le nid vide... Le mot dit tout ! Les enfants qui ont grandi et volent de leurs propres ailes, laissant derrière eux des chambres vides, des placards pleins de souvenirs et un sentiment d'espace... Voila la définition de ce mot !
Quand on lit des "conseils" sur le syndrome du nid vide, on nous dit de remplir l'espace que le départ de notre enfant à créé... que ça donne l'ouverture à plein d'opportunités, un nouveau champ des possibles. Sauf que ça fonctionne pas dans mon histoire... Je suis maman depuis que j'ai 21 ans, alors dès les 18 ans de mon grand, j'ai appris à être femme sans être mère. Je sais prendre du temps pour moi, je sais faire des activités, des plaisirs, sans culpabilité et sans mes enfants (et sans mon mari).
Ce qui me rend triste, ce n'est pas l'espace qu'il laisse avec son départ. Ce qui me rend triste c'est que plus jamais de toute ma vie, je vivrais avec mes 3 enfants dans la même maison. Et même si c'est normal, j'ai le droit d'être triste de cela.
C'est un deuil dans ma vie de mère. C'est un passage de vie, c'est une étape qui va en ouvrir d'autres plus tard... ça ouvre vers des supers moments à partager et des grands changements super géniaux dans les mois et les années à vivre. Mais là, tout de suite, je pleure et je m'autorise à être triste.
Je vais aller cet après-midi, l'aider à aménager dans son appartement. Hier je suis allée lui acheter des petits accessoires pour qu'il se sente bien dedans... Hier soir, à table, il me disait : "Maman tu es prête, demain soir je dors plus ici" ... Non je ne suis pas prête et jcoe ne le serais jamais, parce que je n'ai pas envie. Et je n'ai pas à me cacher auprès de lui de ce que je ressens... Je n'ai pas d'obligation à lui mentir sur ce que je traverse.
Je sais différencier les émotions que je ressens pour lui, mon soutien, ma présence auprès de lui et ce que je ressens de moi à moi. Je peux être heureuse pour lui et triste pour moi en même temps.
Je sais depuis bien longtemps qu'être mère c'est cette danse dans les émotions contradictoires... Toutes les joies de les voir grandir, franchir des étapes, les voir réussir, les soutenir et les encourager, les conseiller sans imposer. Et en même temps parfois, des colères, des disputes, des "j'en aiiiiii marrreee" et une multitude de deuils symboliques. Toutes les premières fois entrainent un changement qui marque une dernière fois.
Quand ton enfant fait ses 1er pas, tu es tellement fière de lui, tu es remplie de joie et en même temps ça marque aussi la fin de sa dépendance à toi pour se déplacer d'un point A à un point B. Passage qui se reproduira avec le Bsr, puis avec le permis... jusqu'à ce qu'il n'est plus du tout besoin de toi et sera pleinement libre...
Et c'est génial...! Là n'est pas mon propos. Ce que je vis et ce que je ressens aujourd'hui, ça ne parle pas de mon enfant, ça parle que de moi à moi !
Ça parle seulement de mes émotions...
Je sais que ces émotions sont une partie normale du processus de transition vers une nouvelle phase de la vie. Elles reflètent l'amour et l'attachement que j'ai pour mes enfants, mais aussi mon histoire avec eux. Car mes émotions sont différentes, leur intensité et leur sens selon quel enfant vit un passage de vie... Car même si j'aime mes 3 enfants aussi fort les uns que les autres, mon histoire avec chacun d'entre eux est unique.
Si je te partage tout cela, ce n'est ni pour me faire plaindre, ni consoler, car j'accueille et j'accepte mes émotions. Je te le partage car comme bien souvent sur les sujets qui touche la maternité, il y a un silence bien gardé, vu que c'est normal et naturel, il y a une croyance sociale qui a décidé que ce n'est pas utile de parler de tout ça... Hors, la sororité est une clef importante dans la maternité... que ce soit une sororité dans un clan familial, entre amies, ou encore lors de cercle de femmes, de retraites holistiques.
Allez... Je vais arrêter de me cacher derrière mon ordi en travaillant et je vais aller vivre cette journée avec toutes les émotions qui vont l'accompagner <3
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