On entend souvent parler dans le développement personnel des 5 blessures de l'âme et de guérir les blessures de l'âme, qui sont : la blessure de rejet, d'humiliation, de trahison, d'injustice et d'abandon.
La grande spécialiste de l'analyse de ces blessures c'est Lise Bourbeau qui a écrit plusieurs livres à ce sujet.
Je ne suis absolument ni une fan, ni une experte de son analyse qui pour moi est trop formatée et réductrice dans ses classifications. Si elle a démocratisé l'étude de ces 5 blessures de l'âme et fait reconnaitre leur importance dans un chemin de développement personnel, “les blessures existentielles” ont été découvertes pour la première fois par le psychologue autrichien Wilhelm Reich et approfondies par le psychiatre américain John Pierrakos.
L'idée de ces blessures est qu'elles prennent racines en nous dans notre petite enfance... J'ai pour ma part (et cela n'engage que moi) plutôt la croyance qu'elles prennent leur place dans notre enfance et suite aussi à un événement traumatique, ces blessures peuvent être aussi transmises par nos parents avec le patrimoine transgénérationnel.
Elles sont inconscientes et vont de ce fait agir sur nos comportements, nos pensées, nos émotions et nos relations aux autres. Le mécanisme est que notre ego, pour nous protéger d'une souffrance, va mettre en place des stratégies, nous faire porter un masque. Cette souffrance que l'égo projette est en premier lieu une illusion activée par une ou plusieurs blessures.
Elle devient réelle uniquement par le prisme de lecture de notre blessure de l'âme. La blessure conditionne donc qui nous sommes et nous éloigne de notre essence de cœur. Je vais agir par le prisme de cette blessure et plus je lui laisse de place, plus elle me conditionne...
C'est pour cela que bien souvent quand on entame un travail sur soi, on identifie les blessures qui sont les plus actives chez nous, car joie et bonheur nous les avons toutes mais pas avec la même intensité et la même place.
Pour t'expliquer cette histoire de stratégie que l'égo met en place, c'est que lorsque dans ton enfance (soit par ton individualité soit par le transgénérationnel) ou suite à un événement traumatique, tu as ressenti de la souffrance face à une façon d'être ou de penser... Ton mental va donc mettre en place une croyance qui est : quand tu es toi-même, quand tu agis comme cela, quand tu fais cela... tu souffres.
Comme il est trop mignon et ne veut que ton bien, il va mettre en place une stratégie pour t'éviter de revivre cela. Il te protège. Plus la blessure est profonde, plus la stratégie va prendre de la place pour nous protéger de la blessure... Sauf que... Et ouai ce serait trop simple!!!!
Ça ne fonctionne pas!!! Comme la réalité est biaisée par une vision du monde avec des lunettes à radar "je me protège de tout ce qui peut activer ma blessure"... je la vois partout, je l'attire même à moi en vivant des situations qui me permettent de confirmer que je dois bien me protéger et continuer à utiliser ma stratégie. Alors l'égo il est mignon et on le remercie de nous avoir soutenu et protégé au mieux jusqu'à maintenant mais pour soigner une blessure il ne suffit pas d'éviter de tomber à nouveau dessus mais d'aller la guérir, prendre soin d'elle.
Une fois n'est pas coutume, je vais illustrer mes propos en te parlant de ma blessure Number one d'amour de la folie : la blessure du rejet.
Je n'ai jamais trop cherché si elle prenait sa source dans mon enfance car le fait traumatique qui l'a réveillée à mes 18 ans a été tellement marquant que c'était largement suffisant à mon sens et pour les différents thérapeutes qui m'ont accompagnée au fil des ans sur la guérison de cette blessure. Je ne vais pas te raconter toute l'histoire, juste te poser le contexte, car me faudrait beaucoup beaucoup de lignes et ce n'est pas tant cela qui est important mais plutôt le chemin qui en découle.
À mes 18 ans, j'ai été rejetée par toute ma famille maternelle parce que j'aimais un homme qui ne validait pas... On m'a interdit les repas de famille, on m'a interdit le contact avec mes cousins, on m'a clairement dit cette phrase : "on préfère ne pas te voir que te voir avec lui!"
Je l'ai vécu comme un désamour, si j'étais moi-même, dans ma liberté d'être qui je suis, d'aimer qui je suis et que je veux... je suis rejetée de mon clan familial, je n'avais pas ma place et pas le droit d'exister dans cette famille. À cela s'est rajoutée la position de ma maman ( je t'aime maman <3 ), qui dans son propre chemin à elle, a fait le choix de la Suisse à ce moment-là, de ne pas prendre parti entre sa fille et ses parents, sa fratrie...
Et m'a demandé de me taire et d'accepter... On pourrait se dire que là ça active une blessure de trahison, certes effectivement un peu, mais sur le moment c'est bien du rejet que j'ai ressenti : ma mère ne me choisissait pas!!! Elle me met au placard pour pouvoir elle profiter de ces moments en famille et ces liens.
Pendant plus de 15 ans, je vais courir, supplier, mendier, d'avoir une place dans cette famille, d'être acceptée... Il va se produire à chaque fois que je me contorsionne, me modèle, m'excuser (d'exister), un rejet encore plus grand, des situations encore plus violentes, on va m'accuser de trucs de ouf, on va m'humilier, me rabaisser... Et je continue à vouloir avoir une place dans cette famille car comment je peux valoir quelque chose si même ma famille ne m'aime pas!
Le problème, lorsqu'on n'a pas conscience, qu'on lit la réalité à travers les lunettes de cette blessure, c'est qu'on ne voit pas c'est qu'elle va se rejouer un peu partout dans notre vie... Alors je vais au cours des années, la vivre dans mes histoires d'amour, dans ma vie professionnelle, dans mes amitiés... Et à chaque fois avec pour résultat de renforcer mes croyances :
"Je ne mérite pas d'être choisi" et "je ne suis pas suffisante pour être aimée", " quand je suis moi même on me rejette"
Et c'est là que la raison pour laquelle j'écris cet article prend sa place... Quand on lit des livres sur les blessures de l'âme, souvent dans la blessure du rejet, on va trouver :
La personne souffrant de la blessure de rejet utilise la stratégie du fuyant. Pour éviter d’être rejetée, la personne va alors fuir les situations où elle a peur d’être rejetée. Elle va se protéger en fuyant. En agissant ainsi, la personne préfère rejeter les autres plutôt que ces derniers la rejettent ou ne l’aiment pas.
Si tu relis les lignes au-dessus, tu vas bien voir que je n'ai pas du tout cette stratégie là...
Les dogmes du développement personnel peuvent nous enfermer dans des nouvelles cases qui nous mettent à l'étroit... Si je prends les traits caractéristiques qui définissent la blessure de rejet, je ne rentre pas dedans sauf que je ne suis pas un clone formaté qui rentre dans les cases, je suis une humaine avec ma singularité et toutes mes complexités...
Ma stratégie pour apaiser ou éviter ma blessure de rejet ça a été de courir après le lien... Parce que dans le qui je suis en explication on pourrait dire que je suis du signe du Cancer, que je suis un profil 3 énneagramme... bref plein d'explications qui peuvent donner des raisons mais surtout parce que je suis Emmanuelle et que c'est la stratégie que j'ai choisie pendant toutes ces années pour avancer chaque jour et même si aujourd'hui j'ai lâché cette stratégie, pendant des années elle m'a permis de "survivre".
J'ai voulu imposer qu'on me donne une place, qu'on me donne le droit d'exister, qu'on légitimise mon droit d'être qui je suis, qu'on m'aime pour qui je suis... Le résultat a été qu'à chaque fois j'ai simplement allumé le feu de la blessure de rejet un peu plus...
Après plusieurs années à travailler sur moi et surtout à aller à la rencontre de moi-même, je peux te dire aujourd'hui que je n'ai pas besoin que quelqu'un me donne une place, valide qui je suis, me donne le droit d'exister car tout simplement la vérité est que j'existe vu que je suis là sur Terre et vivante, que j'ai une place dans cette famille par le simple fait qu'au delà un lien de cœur, je suis leur petite fille et leur nièce par le sang et qu'ils le veuillent ou pas c'est comme ça ! Et enfin que la seule personne qui doit valider qui je suis c'est MOI!
Et si je t'écris tout cela c'est aussi pour te partager autre chose que j'ai compris... C'est quand développement personnel et dans beaucoup de discours de coach et thérapeute, on nous raconte que guérir ses blessures c'est ne plus jamais les vivre, c'est se défaire complètement de l'impact d'elles sur nos vies... Et non je ne crois pas cela personnellement.
Cette blessure du rejet fait partie intégrante de qui je suis, si aujourd'hui elle ne dirige plus ma vision de la réalité, elle restera un des conditionnements de ma personnalité. C'est parce que cette blessure de rejet a été aussi importante dans ma construction que j'ai en partie ces traits de personnalité, cette identité, ce caractère...
Quand on guérit, on n'efface pas la blessure elle-même, on lève la douleur, la souffrance mais la marque de cette blessure est bien là dans la cicatrice qu'elle laisse sur notre chair... Et pour la blessure de l'âme dans notre cœur.
Il y a quelques semaines, j'ai vécu une situation avec ma belle-famille... Avant quand ma blessure était en feu j'aurais souffert de cette situation pendant des semaines, voire des mois, j'aurais mis en place soit ma stratégie de protection avec mon agressivité, j'aurais crié ma douleur face à l'injustice d'être rejetée, de ne pas avoir de place et de légitimité, je serais allée au conflit... Ou j'aurais pris ma stratégie de :
Je me modèle à ce qu'on attend de moi pour être aimée, pas pour qui je suis mais pour ce qu'on attend de moi. L'un comme l'autre le résultat aurait été encore plus de rejet car ces stratégies m'ont toujours emmenée à la réalité que pour essayer de ne pas être rejetée des autres, je me rejette moi-même.
Parce que j'ai une bonne connaissance de moi-même, de mes stratégies et que j'accepte que cette blessure du rejet fasse partie de qui je suis aussi, même une fois guérie, en quelques jours j'ai identifié ce qui se jouait pour moi... Que ma belle-famille ne me rejette pas, ils ont simplement une autre façon de voir les choses, une autre façon de définir le mot famille et les rôles de chacun, qu'ils ont eux aussi leurs casseroles et leurs blessures... Et que tout cela ne m'appartient pas.
Ce qui m'appartient à moi c'est de rester moi-même, de poser mes limites, de rester consciente et honnête dans les choix et les mots que je pose... Et que je ne vais pas attendre qu'on me donne une place que ma place je l'ai car je suis mariée à leur fils et leur frère, que je suis la maman de leur petit-fils et leur neveu...
En conscientisant tout cela, j'ai pu poser les mots à mon amoureux et lui dire que j'avais compris que ce qui se jouait là ça réveillait ma douleur passée de la situation de ma famille maternelle et ma maman avec lui et sa famille, alors que aujourd'hui j'ai pardonné à ma maman et ma famille, mais cette histoire fait partie de moi... J'ai pu lui parler de mes émotions et de ce que je choisissais d'en faire et ce qu'elles me donnaient comme infos sur ce que j'allais ensuite poser comme action...
Je sais que je vais certainement revivre parfois encore des situations qui me font ressentir du rejet... mais l'idée à mon sens ce n'est pas de croire que guérir ses blessures c'est d'arriver à vivre dans le monde de OUI OUI et ne jamais revivre de la souffrance ou de la douleur... Pour moi guérir sa blessure c'est lui donner sa juste place, en la conscientisant j'entends avec mon cœur ce qu'elle me dit et je permets à mon ego d'agir avec honnêteté et authenticité plus rapidement et moins intensément à chaque fois un peu plus.
Prête pour ce chemin ? Juste comme ça ... Le week-end temps de pause et les retraites spirituelles sont un très bon moyen de bosser sur tes blessures.